De Christopher Nolan.
Coscénariste : son frère, Jonathan Nolan.
Avec Matthew McConaughey, Anne Hathaway, Mackensie Foy, Jessica Chastain, Michael Caine, Wes Bentley, John Lithgow, Casey Afleck, Matt Damon.
Tandis que la planète Terre se meurt, un groupe d'explorateurs utilise une faille récemment découverte dans l'espace-temps afin de partir dans un voyage interstellaire, à la recherche d'un nouvel habitat pour l'espèce humaine.
Débuté en 2006, le projet Interstellar a tout d'abord été pris en charge par Steven Spielberg, associé à la productrice Lynda Obst et au physicien-théoricien Kip Stephen Thorne. Ensemble, ils ont posé les bases du film et engagé Jonathan Nolan, frère du réalisateur pour écrire les premières versions du scénario. Par la suite, la réalisation est passée aux mains de Christopher qui a repris le scénario à son compte.
"Je voulais écrire un film qui célèbrerait la laideur de l'Humanité mais aussi sa fragile beauté" Jonathan Nolan.
"...je leur ai vendu un futur proche - disons dans quarante ou cinquante ans. Il fallait qu'Interstellar se déroule à un moment de l'humanité - qui serait une métaphore pour la situation actuelle , bien sûr - où il serait extrêmement clair que nous sommes arrivés au point de non-retour, au pic de notre civilisation." Jonathan Nolan.
Jonathan s'est beaucoup inspiré des ouvrages de Carl Sagan - notamment du livre Un Point Bleu Pâle - pour la réalisation du film : il reprend la vision du scientifique et astronome américain selon laquelle l'exploration de l'espace et de l'univers est vitale pour la survie de l'espèce humaine…vouée à disparaître selon lui si elle reste sur Terre.
L'émotion et le sentiment sont présents tout au long du film : le premier élément qui me vient à l'esprit et que je retiens surtout pour Interstellar, est sa dimension humaine très forte illustrée d'abord et surtout par une relation père-fille intense. Parce-que l'intérêt de survie général prévaut sur les relations individuelles, ce père de famille laisse derrière lui les siens pour tenter de trouver un nouvel habitat pour ceux de son espèce.
Au milieu de l'espace et de son insondable étendue, le spectateur se raccroche à ces quatre êtres humains partis pour un voyage sans doute sans retour…
Je salue bien bas la prestation de Matthew McConaughey, un acteur que je continue de découvrir avec plaisir et qui sait nous transmettre des émotions de façon si juste et intense qu'elles se communiquent aussitôt à nous, spectateur, pour peu que nous daignons nous mettre une seule seconde à la place de cet astronaute s'envolant pour un voyage spatial, la mort dans l'âme.
Comment rester insensible, comment ne pas partager ses pleurs avec le personnage principal quand celui-ci, après vingt trois années écoulées sur Terre, visionne les messages désespérés laissés par les siens qui le croient disparus à jamais ?
On se rappellera bien sûr de l'inoubliable, extraordinaire et époustouflante scène se déroulant dans l'espace gommant toutes distances spatio-temporelles : à ce moment-là, Cooper revoit des instants de sa vie avec sa fille encore jeune puis parvient à voir et comuniquer avec Murphy à l'âge adulte au-delà de la distance du temps !
Impossible de considérer tout le film et ne voir dans certaines scènes très émotives qu'une simple manière d'attendrir le spectateur afin de le faire adhérer davantage au film. Non. L'esprit du film n'est pas ici, loin de là.
Car l'histoire de Cooper, c'est la nôtre. Qu'aurait-on fait à la place de ce père de famille qui n'a plus que ses enfants et son propre père ? Partir pour tenter de les sauver - car le monde d'ici-bas se meurt - ou rester avec eux, les voir grandir et affronter ensemble la fin du monde ? L'avenir fortement compromis sur Terre justifie-t-il une mission spatiale perdue d'avance ? - oui, car ce voyage fou pour l'espace est vain comme on l'apprendra plus tard. Chacun est libre de répondre à ces questions en son âme et conscience.
Personnellement, je ne recherche pas particulièrement les films se déroulant dans l'espace, saturant vite de cet univers sombre, inhospitalier et sans âme. Instertellar a, selon moi, le mérite de faire exception à la règle en alternant de manière juste les scènes spatiales et les prises de vue sur Terre permettant au spectateur de "respirer" et ne pas se sentir totalement emprisonné avec les astronautes, confinés dans leur vaisseau.
Un film scientifique, certes, mais aussi philosophique, on ne peut plus humain qui porte à la réflexion et va chercher au plus profond de nous la réponse à la question centrale : que faisons-nous ici sur Terre ? Pourquoi survivre ?
Un film riche, intense, ambitieux, émotionnellement juste et poignant sur le devenir du genre humain.
Une interprétation vibrante et bouleversante du personnage principal.
Une éclatante proposition de cinéma.
Les trous de verre dont il est question dans ce long-métrage ne sont pas scientifiquement prouvés, il s'agit d'hypothétiques objets, de concepts purement théoriques. Appelés aussi vortex, ils seraient des raccourcis dans le continuum espace-temps permettant de relier deux points extrêmement éloignés dans l'univers.
Article détaillés :
http://www.futura-sciences.com/magazine ... 14/page/4/
http://www.astrosurf.com/luxorion/trou- ... rmhole.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Trou_de_ver
Note 1 : A notre grande surprise, Interstellar s'est payé le luxe d'être tourné sans aucun fond vert !
En effet, des paysages d'Islande ont servi de décors naturels pour les planètes explorées et l'environnement des scènes spatiales (vaisseaux, projections diverses) a été purement et simplement construit afin que les acteurs aient la stricte impression d'être dans l'espace.
Note 2 : Christopher Nolan continue opiniâtrement de réaliser tous ses films sur pellicules et non en numérique. (et je le soutiens ! )
