De Tarsem Singh.
Avec Ben Kingsley, Ryan Reynolds, Matthew Goode, Natalie Martinez, Michelle Dockery, Voctor Garber, Melora Hardin, Sam Page.
Que feriez-vous si on vous proposait de vivre éternellement ? Damian Hale, un richissime homme d’affaire new yorkais atteint d’une maladie incurable, se voit proposer une opération révolutionnaire par le mystérieux groupe Phénix : transférer son esprit dans un corps de substitution, « une enveloppe vide », un nouveau corps jeune et athlétique pour prolonger sa vie. Comment résister à une telle proposition ? Damian Hale procède au transfert et redécouvre les joies de la jeunesse, du luxe et des femmes dans son nouveau corps. Jusqu’au jour où Damian découvre un terrible secret sur l’opération. Un secret pour lequel Phénix est prêt à tuer.
Self/less (Renaissances) aborde pleinement le sujet du transhumanisme : il s'agit d'un mouvement culturel et intellectuel international prônant l'usage des sciences et des techniques afin d'améliorer les caractéristiques physiques et mentales des êtres humains. Le transhumanisme considère certains aspects de la condition humaine tels que le handicap, la souffrance, la maladie, le vieillissement ou la mort subie comme inutiles et indésirables. Dans cette optique, les penseurs transhumanistes comptent sur les biotechnologies et sur d'autres techniques émergentes. Les dangers comme les avantages que présentent de telles évolutions préoccupent aussi le mouvement transhumaniste.(https://fr.wikipedia.org/wiki/Transhumanisme)
Si le scénario de Self/less est séduisant, la réalisation de Tarsem Singh ne l'est pas moins. En effet, cet énième film de science-fiction sur le refus de l'homme à mourir, sur l'immortalité tant souhaitére par certains est agréablement bien mené, sans faiblesse notable dans la direction du scénario : il déroule le fil de son intrigue sans jamais perdre le spectateur qui s'accroche à l'histoire ainsi qu'à son héros entier et intègre.
Dans ce monde où l'argent peut tout acheter, le corps malade ou abîmé est considéré comme défaillant et cette anomalie doit être corrigée.
Renaissances soulève des questions d'ordre éthique : il est humaniste par la volonté de maintenir en vie les génies d'une époque en transférant leur conscience dans un autre corps (synthétique ?), permettant ainsi de bénéficier plus longtemps de leur sagesse et de leurs découvertes. Mais il est également contre-nature en refusant la mort, fin inéluctable de tout organisme vivant sur Terre.
La fin justifie-t-elle tous les moyens ? Peut-on tout oser, jouer à dieu sous prétexte que tel scientifique ou grand esprit aurait pu davantage apporter à l'humanité en vivant 50 années de plus ? Quel est le but de la vie ?
Ryan Reynolds, plus que convaincant dans son interprétation d'homme trahi et trompé apporte douceur, simplicité et modestie à son personnage, qui, refusant de mourir d'un cancer fait "simplement" appel à une société spécialisée pour "remédier" à sa fin prochaine. Terrifié par ce qu'il découvre bientôt, (croyant faire transférer sa conscience dans un corps "synthétique", il est loin de se douter que son "nouveau corps" n'est en réalité que celui, parfaitement réel, d'un homme mort.), il n'aura de cesse d'être tourmenté par son devenir et celui dont il a pris le corps.
Le film se met alors à étudier de près la personnalité de Damian, ses tergiversations et ses questionnements intérieurs, ses choix plus ou moins définitifs et lourds de conséquences.
Matthew Goode, excellant dans les rôles troubles et ambigus (je pense à Stoker), incarne ici encore à merveille un personnage plein d'ambivalence persuadé d'agir pour le bien de la société et prêt à tout pour conserver ses acquis.
Prenant, haletant, troublant, philosophique Self/less ravira les amateurs du genre.
