De Yared Zeleke.
Avec Rediat Amare, Indris Mohamed, Surafel Teka, Kidist Siyum, Welela Assefa, Rahel Teshome, Bitania Aberaham, Roama Demise.
Lamb a eu le grand privilège d'être le tout premier film éthiopien à être présenté au Festival de Cannes cette année. En compétition dans la section Un Certain Regard, il est également le premier long-métrage du réalisateur.
Ephraïm, un garçon de neuf ans, vit avec sa brebis Chuni dans les terres volcaniques d’Éthiopie. Lorsque sa mère meurt lors d’une famine, son père l‘envoie, accompagné de sa brebis, chez des parents éloignés dans une région plus verte du pays, loin de leur terre natale dévastée par la sécheresse. Dans ce nouvel environnement, Ephraïm a le mal du pays. Son oncle lui ordonne d’abattre sa brebis pour une fête à venir. Il élabore alors un stratagème pour sauver Chuni et retourner chez lui.
Comme les films de son genre, mi-récit, mi-documentaire, Lamb plonge le spectateur en immersion dans un monde et une culture qu'il connaît peu. Ici, à travers l'histoire touchante et délicate d'un jeune garçon et de sa brebis, nous découvrons l'Ethiopie, pays très majoritairement agraire (84 % de la population vit en campagne) et où la pauvreté est devenue endémique.
A travers le film, Yared Zeleke raconte également son histoire personnelle : élevé par sa grand-mère, ses parents et voisins pendant 10 ans, il doit subitement partir aux Etats-Unis pour retrouver son père en 1987 - dans le film, Ephraïm doit quitter son père pour rejoindre une famille éloignée - ; Yared vit son séjour loin de sa famille et de son pays comme un exil.
Là-bas, il se forme néanmoins au Cinéma à la New-York University et rencontre le professeur et réalisateur Todd Solondz (Hapiness) qui l'encourage à monter son film.
Co-fondateur d'une société de production, Yared Zeleke souhaite "aider le secteur du cinéma", les financements et les soutiens faisant défaut en Ethiopie. Il s'agit d'un défi immense à relever, " alors que l'économie se développe, que de plus en plus de gens sont éduqués, il est temps pour nous, Africains, de raconter nos propres histoires, nourries de nos vies, de nos expériences".
Il faut noter que l'Ethiopie ne dispose seulement que d'une quinzaine de salles de cinéma attirant malgré tout 3 millions de spectateurs chaque année. Il existe donc une réelle attente et envie chez les Ethiopiens d'aller à la rencontre du 7ème Art.
Note : l'Ethiopie compte une population totale d'environ 71 millions d'habitants, et, ce faisant, demeure le 2ème pays le plus peuplé du continent africain. La mortalité infantile est de 114 pour 1000, et l'espérance de vie estimée à 42 ans.
Note 2 : Yared Zeleke a d'abord étudié l'agroéconomie "parce qu'il voulait travailler avec les fermiers éthiopiens", avant de réaliser que "son truc, c'était vraiment de raconter des histoires".
Yared Zeleke
De gauche à droite : Kidist Siyum, Rediat Amare et le réalisateur Yared Zeleke à Cannes le 23 Mai 2015.