El Clan

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RyoBleue
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El Clan

Messagepar RyoBleue » lun. 29 févr. 2016 22:48

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De Pablo Trapero.
Avec Guillermo Francella, Peter Lanzani, Lili Popovich, Giselle, Motta, Franco Masini, Gaston Cocchiarale, Antonia Bengoechea, Stefania Koessl.


Le film s'inspire de "l'affaire Puccio" qui éclata en 1985 en Argentine à la fin de la dictature militaire.

Un peu d'histoire : Jusqu'en 1880, l'Argentine est divisée politiquement, économiquement et financièrement. Ce n'est qu'à cette date que Buenos Aires est déclarée capitale fédérale du pays mettant fin aux conflits entre unitaires et fédéralistes - le pays était alors divisé en plusieurs provinces, dites Provinces Unies d'Amérique du Sud. L'immigration débutée en 1853 (et partie intégrante de la Constitution promulguée la même année) s'intensifie sous la première République conservatrice dirigée par Julio A. Roca. Le régime se démocratise avec le Suffrage Universel en 1912.

De 1930 à 1943 l'Argentine connaît une succession de gouvernements militaires. Un coup d'Etat dirigé par un groupe d'officiers nationalistes permet l'arrivée au pouvoir du général Arturo Rawson en 1943.
Juan Domingo Peron, figurant parmi les meneurs de ce coup de force devient Ministre du Travail la même année. Ce dernier remporte les élections de 1946 et est élu Président de la République. Aidé de sa femme Eva Duarte, il dirige un régime de type populiste qui s'appuie sur les classes moyennes, les ouvriers, les syndicats ainsi que les mouvements de jeunesse. Peu après la mort de son épouse, en 1955, Peron est renversé par un putsch militaire, plaçant le général Pedro Aramburu au pouvoir.
Un nouveau coup d'Etat éclate en 1966 et 3 Présidents se succèdent. Les troubles se poursuivent et l'année 1973 voit réapparaître Peron à la tête du Gouvernement.
Un troisième coup d'Etat secoue le pays et impose une dictature militaire implacable (répression, loi Martiale, tortures, exécutions, enlèvements…) à partir de 1976. Le général Jorge Videla dirige le pays.

En 1981, la junte militaire met en place le Général Leopoldo Galtieri qui entreprend une expédition dans les Iles Malouines, la Géorgie du Sud et les Iles Sandwich du Sud. Le pays est défait par les troupes britanniques et, l'armée, discréditée.
Un régime démocratique se met en place en 1983 élisant Raul Alfonsin et mettant fin à la dictature. Les principaux chefs militaires des juntes reconnus coupables de violations des Droits de l'Homme sont condamnés à l'emprisonnement sous la pression de la population.



Arquimedes Puccio, comptable de formation, travaille pour les services de renseignements sous la dictature militaire. Il organise des enlèvements de personnalités avec l'appui du Gouvernement.
L'intrigue débute en 1982, juste avant le lent retour à la démocratie. Arquimedes choisit de poursuivre ses "activités" en utilisant son fils Alejandro, jeune star du rugby comme rabatteur.

Pablo Tetro se focalise sur les quatre enlèvements les plus marquants qui se sont déroulés entre 1982 et 1985 : les séquestrations de deux connaissances d'Alejandro et de deux chefs d'entreprise dont l'un d'eux survivra.

Le réalisateur use beaucoup des gros plans pour nous plonger dans l'intimité de cette famille pour qui l'enlèvement, ses contraintes (cris étouffés des victimes, musique à tue-tête pour couvrir les hurlements en provenance du sous-sol) et ses exigences (repas pour les victimes) font partie des habitudes de vie quotidiennes. Arquimedes est le cerveau de cette "entreprise" et son fils aîné, Alejandro, son bras-droit principal. Daniel, son autre fils collabore également ainsi que d'anciens contacts du "milieu". Le reste de la famille est plus ou moins complice de ce qui se trame en secret dans les sous-sols de cette chic maison de San Isidro…

Les Puccio ne se contentent pas de sous-tirer de l'argent à des familles fortunées, ils exécutent quasi-systématiquement et froidement leurs otages malgré le paiement de la rançon donnant rapidement au film toute sa dimension d'horreur.

Trapero filme ses personnages dans leurs basse besognes avec détachement et impassibilité. Il ne cherche pas à appuyer sur les éléments de détails des séquestrations mais cette insensibilité ostensible des prises de vue transmet au spectateur un sentiment d'effroi mêlé à une grande incompréhension et classe aussitôt le film dans la section des thrillers.

El Clan se penche sur la relation entre le père et son fils Alejandro, ce dernier étant sous l'emprise psychologique de son paternel dont il ne parviendra pas à se défaire. En effet, jusqu'en prison, le père menace son fils ainsi que toute sa famille. Pour lui, toutes ses actes sont justifiés : sa famille n'a manqué de rien et c'est grâce à lui si ses enfants ont réussi…
On pourrait presque dire qu'Arquimedes s'est donné pour "mission" de mettre sa famille à l'abri de tout besoin, et ce, en obtenant de l'argent en abondance, quel qu'en soit le prix… Peut-être a-t-til cherché une reconnaissance de sa famille par ce biais-là ? ou bien était-ce simplement un besoin d'assouvir un sentiment de supériorité poussé à l'extrême ? Toujours est-il qu'Arquimedes Puccio est un cas d'école en criminologie.

On saluera la prestation singulière de Guillermo Francella (plus connu pour ses rôles dans des comédies), parfait en patriarche manipulateur vous saisissant de stupeur par son regard aussi vif que glacial et son inquiétante imperturbabilité.



Note : El Clan a déplacé plus de 2 millions de spectateurs dès sa cinquième semaine de projection en Argentine.

Note 2 : Pour son huitième long-métrage, Pablo Trapero a obtenu le Lion d'Argent du meilleur réalisateur à la 72 ème Mostra de Venise en 2015.

Note 3 : Arquimedes Puccio fut condamné à la prison à vie. Il n'a jamais avoué les crimes dont il était accusé. Après avoir étudié le Droit derrière les barreaux, il devint avocat ! Il exerça jusqu'à sa mort en 2013 à l'âge de 84 ans. Son fils Alejandro passa plus de vint ans en prison et mourut peu de temps après sa libération en 2008.


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