The Revenant

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RyoBleue
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The Revenant

Messagepar RyoBleue » mer. 2 mars 2016 21:58

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D'Alejandro Gonzalez Inarritu (Amours Chiennes, 21 Grammes, Babel, Biutiful, Birdman)
Avec Leonardo DiCaprio, Tom Hardy, Will Poulter (Le Labyrinthe), Domhnalll Gleeson (Il Etait Temps, Ex_Machina), Paul Anderson, Christoffer Joner, Brendan Fletcher, Lukas Haas.


Après être passé entre les mains de Park Chan-Wook, John Hillcoat et Jean-François Richet, l'adaptation du roman de Michael Punke, The Revenant : a novel of revenge (2002) est finalement confiée à Alejandro Gonzalez Inarritu.
Cinq années seront nécessaires pour trouver les paysages et une météo en adéquation avec le Grand Ouest Américain de 1823 tel que l'imagine Inarritu. Birdman est réalisé entre temps.


Dans une Amérique profondément sauvage, le trappeur Hugh Glass est sévèrement blessé et laissé pour mort par un traître de son équipe, John Fitzgerald. Avec sa seule volonté pour unique arme, Glass doit affronter un environnement hostile, un hiver brutal et des tribus guerrières, dans une inexorable lutte pour sa survie, portée par un intense désir de vengeance.


The Revevant s'inspire d'une histoire vraie : en 1822, Hugh Glass, trappeur de son état se porte volontaire pour faire partie d'une expédition pour le commerce de fourrures.
Parmi ses compagnons, figurent entre autre le Général William Ashley, Jim Beckwourth, Thomas Fitzpatrick, David Edward Jackson, John Fitzgerald, Andrew Henry, négociant en fourrures américain, Jim Bridger, William et Jedediah Smith.
En Août 1823, alors en pleine chasse de gibier, Hugh est attaqué par une ourse. Parvenant à poignarder plusieurs fois l'animal, il est secouru par deux de ses compagnons, Fitzgerald et Bridger.
Hugh Glass est vivant et inconscient mais devant l'importance de ses blessures, Henry fait appel à deux volontaires pour veiller l'homme jusqu'à sa fin que tous estiment proche. Mais Fitzgerald et Bridger prennent la fuite ne laissant aucun équipement au pauvre malheureux, si ce n'est la peau de l'ourse tuée qui lui servait de linceul.
A son réveil, Hugh se rend compte qu'on l'a volontairement abandonné, remet sa jambe cassée "en place", se soigne comme il peut avec des asticots et commence son ahurissant périple de 320 km pour rejoindre Fort Kiowa…en rampant. Il se nourrit de baies, de racines, croise des Indiens qui l'aident dans son voyage en lui fournissant des armes et finit par atteindre la rivière Cheyenne. S'étant fabriqué un radeau, il gagne Fort Kiowa au bout de six semaines d'enfer. Il retrouve ceux qui l'ont laissé pour soi-disant mort mais choit de leur laisser la vie.

Les divergences entre la réalité de la véritable l'histoire et celle de l'adaptation d'Inarritu sont importantes : le réalisateur a pris la liberté d'inventer une femme indienne à Hugh Glass ainsi qu'un fils (un sang-mêlé). Tout le scénario du long-métrage est axé sur le parcours de vengeance d'un père pour son fils, assassiné froidement par un de ses compagnons de route, Fitzgerald.
La seconde différence concerne le choix fait par Hugh Glass lorsqu'il retrouve enfin les traîtres qui l'ont abandonné : Hugh Glass épargne leur vie dans la réalité alors qu'il se venge avec rage dans le film et tue Fitzgerald.


Dès les premières images, dès les premiers plans, le spectateur est happé par un univers visuel à la fois sauvage et violent; dès l'ouverture du film, il est jeté au coeur d'une bataille entre Blancs et Indiens Arikaras, opposés à la traque des bêtes sur leurs terres ainsi qu'à leur commerce. Les nombreux plan-séquences, les mouvements de caméra quasi-incessants en optique grand angle emportent le public et lui donnent presque le tournis. Cette impression de valse, ces mouvements de va-et-vient immergent le spectateur qui reste bouche bée devant une si belle et si réussie maîtrise de la mise en scène comme de l'image.

Abandonné par ses deux derniers camarades, à demi-enterré vivant, Hugh Glass est désormais seul face à un monde abominablement froid et inhospitalier. Extrêmement blessé, affamé, il ne peut compter que sur sa volonté propre et son désir de vengeance pour espérer, peut-être, s'en sortir vivant.

Les nombreuses contre-plongées de ciel, forêts ou montagnes qu'elles soient statiques ou en mouvement parsèment le long-métrage et invitent à l'émerveillement ainsi qu'au respect. Elles nous font partager le terrible sentiment de solitude du personnage principal, à la merci des Indiens, des loups et du froid intense. Comme Hugh Glass, le spectateur ne sent tout petit et démuni face à cette nature majestueuse mais aussi indomptable et sans pitié.

Les paysages grandioses, la nature impressionnante, l'environnement gigantesque envoûtent et subjuguent à la fois le spectateur. Hypnotisé, ébloui, captivé, celui-ci s'accroche à son héros, fait corps avec lui, oubliant tout le reste : le résultat en est une immersion totale du spectateur au coeur de l'histoire et si proche du personnage principal qu'il pourrait presque sentir son souffle et son haleine embuant l'objectif de la caméra.

The Revenant filme sans concession l'épopée surhumaine d'un homme qui n'est plus mué que par la vengeance. Des flash-back nous content ce qu'était sa vie d'avant, certainement heureuse et prospère auprès sa femme et son fils, dans la tribu indienne qui l'a adopté.

La caméra d'Alejandro Gonzalez Inarritu ne s'appesantit pas sur les déchirements intérieurs du héros. Elle n'insiste que peu sur sa détresse que l'on devine incommensurable : celle d'un homme dévasté, anéanti par la douleur physique (son corps est lacéré, scalpé, décharné) et psychologique mais qui pourtant reste debout…Le long-métrage préfère se concentrer sur la volonté extraordinaire de cet homme qui se bat pour survivre.

Incapable de parler après l'attaque de l'ourse, Hugh Glass s'exprime par sons, mimiques ou rictus; l'essentiel de l'interprétation est est donc faite d'expressions faciales, de gestes auxquels Leonardo DiCaprio donne une justesse et une puissance folles.
Il insuffle à son personnage une force incroyable. Criant de réalisme et de vérité, Leonardo transcende son héros et va jusqu'au bout de lui-même.


Alejandro Gonzalez Inarritu offre à Leonardo DiCaprio l'un des rôles de sa vie.

La performance de l'acteur est époustouflante; il crève l'écran, nous sidère par son interprétation d'une authenticité et d'un réalisme redoutables. En un mot, l'acteur est magistral.
On relèvera tout de même les interprétations excellentes des seconds rôles, notamment celui de Tom Hardy, remarquable en traître impitoyable et vénal.

The Revenant est une "claque", un film-spectacle, un ouragan cinématographique qui retentit et bouleverse par sa vibrante sincérité.
Etourdissant, extraordinaire, stupéfiant, bluffant, sidérant, grandiose, les qualificatifs abondent pour saluer, féliciter l'oeuvre et le travail d'Alejandro Gonzalez Inarritu et de son acteur fraîchement oscarisé.


Leonardo fait partie des meilleurs acteurs de son temps et, pour ma part, je considère que son sacre de meilleur acteur aux Oscars en 2016 pour le rôle de Hugh Glass est surtout une reconnaissance de son prodigieux talent.

The Revenant…un exemple de film qui vous fait oublier que vous êtes au cinéma…et c'est avec ce genre de films que s'exprime pour moi le Septième Art !

The Revenant est évidemment l'un des films de l'année, si ce n'est LE film. Si vous ne devez voir qu'un film, ce sera celui-là.


Un mot sur les conditions de tournage
A n'en pas douter, le tournage s'est déroulé dans des conditions météorologiques extrêmes avec une température de -20° tous les jours, voire en dessous.

Le tournage a débuté en Septembre 2014 dans les zones enneigées du Canada pour se terminer dans le Sud de l'Argentine et en Patagonie l'année suivante. A cause des conditions climatiques, de l'éloignement des lieux de tournage et des exigences du réalisateur, le temps de tournage s'est considérablement allongé. A l'approche de l'été, la neige a commencé à fondre et l'équipe s'est vue contrainte de quitter le Canada sans que le film ne soit terminé.

Il faut noter que The Revenant a été tourné dans l'ordre chronologique et en utilisant uniquement la lumière naturelle (ou presque). Cette dernière contrainte a également participé au rallongement des délais car les journées en hiver sont courtes et la luminosité recherchée, précieuse.

Prévu au départ sur 80 jours, le tournage s'est étalé sur neuf mois et a coûté plus de 135 millions de dollars au lieu des 95 millions estimés initialement, faisant de The Revenant le film le plus cher qu'Inarritu ait réalisé.

Alejandro Gonzalez Inarritu collabore à nouveau avec Emmanuel Lubezki, directeur de la photographie qui a déjà travaillé sur Birdman. "Lubezki est un maître dans son travail, explique le réalisateur. Grâce à la lumière naturelle, on peut entendre les plantes, la nature et même Dieu! La beauté parle d'elle-même. J'ai voulu que le film ressemble à une peinture sonore."

L'équipe est confrontée à un très grand froid tous les jours; le matériel se brise parfois, "le gel vient ronger les vêtements humides. Les doigts sont meurtris. Les paupières ont du mal à s'ouvrir". A cela s'ajoutent les "caprices" du réalisateur. Certains quittent le plateau de tournage.

"Il y avait quelque chose de très positif dans le fait de tourner dans ces conditions, pour comprendre ce que ces mecs ont traversé. On n'a plus d'aventure maintenant. Les gens disent, 'J'ai été en Inde, c'est une aventure'. Non : on a un GPS, un téléphone, personne ne se perd. Ces mecs vivaient vraiment une aventure physique et émotionnelle dans des territoires inconnus. Les acteurs n'étaient pas en studio à rigoler devant des fonds verts. Ils étaient malheureux ! Et ils sentaient vraiment ce Fleur de froid ! Ils ne jouaient pas du tout !" Alejandro Gonzalez Inarritu.

Pour "le film le plus difficile de sa carrière", d'après ses dires, Leonardo DiCaprio s'est complètement investi dans son personnage : végétarien, il a dû apprendre à manger de la viande crue, du foie de bison, à parler deux langues amérindiennes (Pawnee et Arikaras), et à étudier d'anciennes techniques de guérison.

Scène de combat avec l'ourse :
"Malgré le réalisme tétanisant de la scène, ce n’est pas un vrai ours qui s’en prend à Leonardo DiCaprio mais un cascadeur canadien s’appelant Glenn Ennis.[...] Il portait un costume bleu ainsi qu’une tête d’ours et avait préalablement regardé beaucoup de vidéos sur ces animaux pour s’imprégner de leur manière de bouger. Compte tenu du dispositif mis en place (comprenant des câbles, un faux arbre...) et sa chorégraphie complexe, la scène de deux minutes fut très éprouvante à tourner pour Ennis. Le cascadeur a en effet dû bouger en tenant compte de l'extrême mobilité du personnage de DiCaprio qui est jeté contre un arbre, remis sur pieds, roulé, ballotté dans tous les sens, frappé... Il précise également que c'est surtout avec sa doublure qu'il a travaillé et non avec l'acteur". Allociné.



Note : l'histoire d'un trappeur abandonné par ses compagnons d'expéditions après avoir combattu un grizzly a été mis en scène en 1971 dans Man In The Wilderness (Le Convoi Sauvage) de Richard C. Sarafian. Dans le long-métrage, l'histoire est identique mais les noms des personnages

Note 2 : Le sixième long-métrage d'Alejandro Gonzalez Inarritu, The Revenant, vient de remporter 3 Oscars en 2016 : celui du meilleur acteur pour Leonardo DiCaprio, du meilleur réalisateur et de la meilleure photographie.
En 2015, il avait également été sacré meilleur réalisateur avec Birdman, film récompensé par 4 Oscars dont celui du meilleur film.



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